Richard LERAY
Né en 1961 à Angers, dans la Vallée de la Loire en
France, je dessine et invente des lettres depuis l’adolescence.
En 1978, lors d’un voyage à Istanbul, je découvre une
calligraphie plus spectaculaire qui influera sur mes recherches artistiques.
Je poursuis mon voyage en Israël où je suis des cours d’hébreu
et m’initie au symbolisme de la lettre.
Pendant 13 ans, curieux des gens et de leur culture, je séjourne et
travaille dans une dizaine de pays : Proche orient, Europe, Amérique
du Nord.
Peintre
en calligramme ou « poésie spatiale « depuis
1981, ce sont les lettres, outils et supports de créativité et
d’émotion, qui me mènent vers l’art de l’enluminure,
art d’honorer le verbe.
Je découvre alors « l’enluminure d’art au pochoir »
ou « l’enluminure au cache », technique de mise
en couleur et de multiplication du XIV siècle.
Je tombe amoureux de cette technique en voie de disparition, exigeante et minutieuse,
et lui consacre depuis l’essentiel de mon temps de travail.
Je crée l’atelier Festina Lente en 1994, la rareté et la
technicité de mon activité suscite l’intérêt
des médias presse et télévision, ainsi que celui d’amateurs
, de collectionneurs, d’historiens des métiers du livre qui pour
beaucoup croyaient ce métier d’art disparu.
A travers mes conférences, expositions et animations tant en France qu’à
l’étranger, à l’accueil du public à l’atelier,
il m’importe de participer activement à la sauvegarde et au nouvel
épanouissement de ce patrimoine technique.
L’ATELIER
Face à un parc, et jouxtant une chapelle du XIII siècle, l’atelier
se situe au centre du village de Fontevraud l’Abbaye, célèbre
pour son abbaye royale du XII siècle, une des plus grandes d’Europe.
Le village est au cœur du parc national Loire Anjou Touraine, du Val
de Loire classé au patrimoine mondial de l’humanité par
l’Unesco, au sein de la Vallée des Rois.
Fontevraud l’Abbaye est à 15 kms de Saumur entre Tours et Angers,
accessible depuis Paris jusqu’à Saumur par TGV(1h30) ou par autoroute
via Le Mans ou Tours.
L’atelier est ouvert au public et bénéficie d’une
salle d’exposition invitant le visiteur a s’initier grâce
à la variété des œuvres exposées.

HISTORIQUE
L’enluminure ou l’art d’éclairer
le texte sur un support mobile apparaît en Egypte ou déjà
des peintres illustraient le « livre des morts » sur
des rouleaux de papyrus. La production de ce qui était écrit
et éventuellement enluminé pendant les empires Egyptiens, Grecs
et Romains était alors bien supérieure à ce qu’elle
sera au moyen âge.
C’est toutefois à cette période que les moines puis les
artistes laïcs, notamment à partir du XII siècle et le
développement des universités, en firent un art a son apogée.
La peinture sur livre tomba en désuétude avec l’invention
de l’imprimerie. Toutefois, quelques peuples comme les Juifs, principalement
pour les Haggadot (textes liés a la pâque juive), les Chrétiens
Ethiopiens, les Arméniens… continuèrent à calligraphier
et enluminer des manuscrits en quantité et en qualité.
Le monde musulman, la Chine et les Mayas eurent aussi une production importante
qui permet de relever l’universalité de cet art et sa variété.
L’art d’honorer le verbe est aussi un art d’aujourd’hui.
La
technique du pochoir apparaît au XIVsiècle, avant l’imprimerie,
pour la mise en couleur de calendriers, d’images pieuses et de cartes
à jouer. Le trait est imprimé après avoir était
gravé sur bois. Aujourd’hui, lorsque l’impression du trait
est inévitable, seule l’impression typographique, gravure du trait
en relief avant encrage et impression, est utilisée par l’atelier.
Les caches ou patrons en carton étaient durcis puis découpés
au canivet. C’est à cette époque un art populaire quelquefois
pratiqué à la maison et en famille. La technique est utilisée
pendant la seconde moitié du XVsiècle pour la mise en couleur
de quelques incunables, nom donné aux livres imprimés jusqu’en
1500 ; à partir du XVIsiècle sur des affiches.
Sûrement moins universelle que la peinture sur livre, on peut noter toutefois
au XIXsiècle une très belle production en Russie, au Mexique et
en France ou Paris compte à cette époque une centaine d’ateliers.
La technique a gagné en finesse, en sophistication, les caches sont en
métal.
S’ils se consacrent aussi a la reproduction d’œuvres de grands
artistes de l’époque, l’essentiel de leur activité
est dévolue a la mise en couleur de livres d’art imprimés
à quelques centaines d’exemplaires ainsi qu’à des
gravures de mode pour de grands couturiers. On parle alors d’enluminure
d’art au pochoir et l’excellence de certains enlumineurs coloristes
et ateliers est recherchée.
Les techniques mécanique de multiplication et de mise en couleur
vont sonner le glas de l’enluminure au cache.
Aujourd’hui, Festina Lente est l’un de trois ateliers français
réputés pour être les derniers au monde.
TECHNIQUES ET MATERIAUX
Points communs au pinceau et au cache, pigments et colles naturelles, blanc
d’œuf, miel, gomme arabique, papier pur coton sans clore ni acide,
permettent aux couleurs et aux documents ainsi réalisés une
tenue exceptionnelle dans le temps.
Or en feuilles ou en coquille, argent, bronze et cuivre vont relever de leur
éclat les enluminures. Si plumes et pinceaux fins sont les outils de
mise en couleur pour la peinture sur livres, les brosses- pompons de l’enlumineur-
coloriste ont un diamètre de 35 à 54 millimètres.
Les brosses sont fabriquées avec de la soie de porc dont les poils
sont arrachés à la main, préservant ainsi la « fleur
du poil », gage d’une mise en couleur minutieuse, délicate
et variée. La base des poils est plongée dans la cire, le tout
étant cerclé d’une pièce de cuivre.
Le pigment s’infiltre dans les poils dès que la brosse est nourrie
en couleur. Malgré un nettoyage délicat, la première
couleur utilisée influera sur la suivante. Il faut donc une brosse
par couleur.

Cache
Incipit

Les caches sont en métal et gravés à la main à l’aide
d’un canivet. Il faut de 1 à 6 caches par couleur et de 10 à
100 caches par image.
Après une décomposition de l’image, copie d’ancien
ou création, il faut élaborer et dessiner autant de dessins que
de caches nécessaires. Ceux-ci doivent être parfaitement conçus
puis gravés avant la mise en couleur. Chaque cache nécessite entre
une et vingt heures de gravure suivant sa sophistication et sa finesse.
La mise en couleur d’un cache demande de 2 à 90 minutes par exemplaire.
Ce temps dépend de la préparation de la couleur, de l’effet
de couleur désiré, de la nature du cache. (finesse, fragilité…)
Ces divers éléments techniques influent sur la manipulation de
la brosse pompon. Les subtilités du geste sont donc infinies et doivent
être maîtrisées et mémorisées avant la mise
en couleur de la série.
L’erreur n'est pas corrigeable ; le retour en arrière n’est
pas possible. Les caches autorisent rarement des séries supérieures
à 150 exemplaires. En fonction de l’intensité et de la consistance
désirée de la couleur, de 1 à 3 passages par cache sont
souhaitables.
Les
œuvres proposées par l’atelier ont nécessité
de 2 mois à 20 mois de travail pour une moyenne de 80 exemplaires.
La mise en couleur entièrement manuelle, cache par cache, exemplaire
par exemplaire, assure à chacun d’entre eux une réelle unicité.
Des détails complexes et fins de certaines œuvres peuvent être
peints à la plume ou au pinceau.
Tous les exemplaires sont vérifiés une dernière fois avant
d’être numérotés et signés.
CONCLUSION
Les spécificités de l’enluminure au cache, la qualité
des matériaux et l’absence de mécanisation font qu’aujourd’hui
les œuvres signées Richard Leray- Festina Lente réjouissent
dans une vingtaine de pays les collectionneurs exigeants et les amateurs d’imprimerie
d’art et d’enluminure pour qui tradition et authenticité
sont les garanties de la qualité qu’ils recherchent.